Le terroriste et ex-nigérien Mahamoud Sallah arrêté en Libye
Les Nigériens peuvent se rappeler l’homme qui, après la chute de Bazoum Mohamed, en solidarité avec ses déboires, partit rejoindre le maquis, pour, prétendait-il, défendre sa cause, par les armes. Sans doute que c’est en cohérence avec les projets et menaces brandis par la France et la CEDEAO qu’il prit cette initiative de la lutte armée que personne ne peut lui pardonner, jouant , sans doute par calcul, le guerrier parmi les siens pour se faire une aura dans le cercle de ceux qui, face à Macron, en guerriers, prirent l’engagement d’éprouver le régime de Niamey. C’est d’ailleurs son groupe qui revendiquait, comme pour montrer à son employeur qu’il a des résultats sur le terrain, l’attaque par laquelle le pipeline avait été vandalisé, estimant, dans ce qui est leur logique, qu’un tel acte terroriste serait une manière d’éprouver le Niger et de mettre en difficulté le nouveau pouvoir qui pourrait miser sur le pétrole pour tenir face aux sanctions que le pouvoir déchu commandait auprès de la CEDEAO et de la France contre le Niger. Il en était d’autant fier qu’il jubilait d’avoir réussi ce coup qu’il crut qu’il réussissait le crime qui pouvait mettre à terre le pays et obliger le CNSP à capituler ou, au moins, à accepter de prendre langue avec lui. Ragaillardis par ce premier succès qui n’eut que les gloires d’un feu de paille et qui aura quand même mis hors d’état d’exploitation le pipeline pendant quelques jours, tout en menant une communication victorieuse
Précoce afin de donner à croire à sa capacité de nuisance, les hommes de Mahamoud Sallah – y compris ceux qui étaient tapis dans les tranchées des réseaux sociaux – avaient cru qu’ils pouvaient continuer à mener les mêmes actions pour viser cette installation stratégique pour le pays.
La victoire ne fut donc que de courte durée, qu’éphémère car, très vite, le gouvernement du Niger prendra les dispositions nécessaires pour protéger ces installations et sécuriser tout ce qu’il y a autour de l’exploitation du pétrole, comme, du reste, c’est le cas pour tout ce qui concerne l’ensemble du pays aujourd’hui quadrillé par l’armée, territoire sur lequel veille l’armée nationale mobilisée et mise en état d’alerte générale concomitamment avec les autres armées de l’AES, à savoir celles du Mali et du Burkina Faso. Il était alors devenu intenable de continuer à mener des actions dans le pays, aussitôt étaient-ils (les hommes du FPL) obligés de sortir du pays pour s’installer dans le voisinage et, ce, pendant que d’autres renonçaient au maquis, déposant les armes pour revenir faire la paix avec les nouvelles autorités du pays, car comme le dit le dicton, Sa’a gnamata – c’est-à-dire qu’il est impossible d’envahir la redoutable cité de Sa’a, l’enfer du maquis n’étant pas tenable pour des gens qui ont eu, à l’ombre de l’ancien régime, une vie plutôt facile. Ceux qui revenaient dans le pays, après s’être rendus compte que la « résistance » est intenable, avaient sans doute dû donner bien d’informations précieuses sur ceux qui y restaient mais qui se savaient perdus, pour eux-mêmes et pour le pays qui les reniait, les classant au rang de parias. Ils savaient qu’ils sont suivis et pouvaient alors comprendre qu’ils ne peuvent pas faire long feu s’ils restaient au pays pour mener l’idiote guerre contre leur peuple.
Et des nouvelles viennent…
C’est en fin de semaine dernière que l’on a eu, par les réseaux sociaux, des nouvelles du FPL de Mahmoud Sallah, d’abord avec Sarkis Tarnis qui annonce sur sa page, non sans la précaution du conditionnel, que « Mahamoud Sallah serait arrêté en Libye le dimanche 23 février 2025, précisant que « Pour l’instant, le Front Patriotique de Libération n’a fait aucun communiqué par rapport à cette information », alors même que celle-ci paraissait crédible aux yeux de beaucoup d’observateurs.
Et vite, les doutes sont levés…
C’est Aïr Infos qui donnait l’information, du moins la confirmait ; un véritable scoop qui a fait le tour des médias sociaux comme une bonne nouvelle que l’on attendait depuis longtemps dans le pays. On apprenait alors sur sa plateforme, par ce titre : « « Gatrun-Libye : Mahamoud Sallah, président du Front Patriotique de Libération (FPL) et cinq de ses compagnons arrêtés », que « Mahamoud Sallah […] a été arrêté dans son domicile à Gatrun-Libye ». Fin de course pour le grand bandit qui a cru que, par les armes, il pouvait se faire entendre et sauver son champion. Les informations sont dès lors devenues d’autant crédibles qu’on nous dit que « Ce sont des éléments de l’unité 87 relevant de l’Armée Nationale Libyenne, coiffée par le Maréchal Haftar, qui ont mené le raid. Selon des sources recoupées par Aïr Infos, Mahmoud Sallah était [en ce moment] en compagnie de cinq autres personnes lors de son arrestation ».
Double confirmation…
Au Niger, officiellement, l’on ne commente pas l’information ; on ne la donne même pas et cette attitude des autorités du Niger pourrait davantage préoccuper les responsables du FPL ainsi décapité qui pourrait, lorsque d’autres depuis des semaines avaient déserté, vivre des moments très difficiles pour tenir dans la résistance. C’est à juste titre que ses hommes et autres soutiens vivent dans l’appréhension les déboires du « guerrier » qui n’a plus qu’une chance : revenir dans le pays comme un gibier ligoté ainsi que les relations d’Etat à Etat pourraient donner à l’envisager pour lui. Le pauvre.
C’est une publication de Boussada Ben Ali, un soutien fort en communication des actions du FPL, qui vient dire les déboires du chef terroriste. Il dira, confirmant l’information, que c’est « Suite à l’arrestation ce matin du camarade Mahamoud Sallah, Président du Front Patriotique de la Libération, FPL, par l’unité 87 relevant de l’Armée Nationale Libyenne, [tenant] à préciser [- mais à qui ?] – que Mahamoud Salah n’est ni un criminel un ni un chef de gang et qu’il est un opposant politique au régime du Niger ». Un opposant politique qui prend les armes contre « son » pays, ne trouve aucun moyen d’exprimer ses divergences politiques sinon que par la guerre ? A qui veut-on mentir ? Que pouvait-il donc être pour le Niger dans un tel rôle sinon que ce qu’il réfute à savoir le fait d’être rien qu’un terroriste pour être traité comme tel ? A qui peut-il faire croire qu’il n’est ni un criminel ni un chef de gang quand son rôle est de prendre les armes contre le Niger, de tuer et de détruire ce que le Niger a âprement bâti pour son progrès ? A qui, peut-il faire croire qu’il serait un opposant quand, au lieu de se battre dans l’espace des libertés, il a choisi de prendre les armes et de les retourner contre ce pays qui lui a pourtant tout donné et qui aura tout donné, après tout, à celui qu’il partait défendre ?
Croit-il que ce métier, si c’en est un, puisse l’innocenter de ses crimes pour ne pas répondre de ses actes ? Peut-il enfin comprendre qu’il n’est qu’un individu, aujourd’hui pris aux pièges des Etats ? La Libye et le Niger, parce que partageant une frontière ont intérêt à coopérer pour préserver la paix de part et d’autre des deux frontières, et permettre que les deux peuples vivent en paix, ne pouvant accepter que des individus, au nom d’obscurs combats, viennent instaurer la chienlit dans la sous-région. On lit entre les lignes les inquiétudes qui s’emparent de lui depuis qu’il sait qu’aux mains de l’armée libyenne, les carottes pourraient paraitre bien cuites, et pour le personnage et pour son front aujourd’hui dans une situation de fragilité qui pourrait lui être fatale.
N’est-ce pas pourquoi, il dit – non sans douter – qu’il garde quelques squelettiques espoirs pour que le sieur Sallah soit bien traité par ceux qui l’ont arrêté. Il dira alors : « J’en appelle au discernement et au sens de la sagesse. Je fonde [, se lamente-t-il,] l’espoir que le Commandement Général des Forces Armées Libyennes saura lui assurer ses droits d’opposant politique. J’appelle la mission d’appui des Nations-Unies en Libye à s’impliquer et à veiller au respect des droits de Mahamoud Salah, opposant nigérien, déchu de la nationalité nigérienne et contraint à l’exil ». Pourquoi, va-t-il chercher la pitié des Nations-Unies pour quelqu’un qui a pris les armes contre « son » propre pays ? Non, pour l’armée libyenne, il ne peut pas être un opposant politique. Comment la Libye peut-elle le laisser se servir de son terroir pour tenter de déstabiliser un voisin ? Pourquoi d’autres Nigériens qui n’ont pas ce qu’ils veulent dans le pays n’ont pas pris les armes pour se faire entendre ? Le choix de Mahamoud Sallah est condamnable. Et Boussada le sait bien pour s’inquiéter pour son terrible Rambo.
Un tueur ne peut que faire face à la justice. Voilà la vérité.
Mairiga