Urgence pour la mise en place d’une équipe de soldats au service de la refondation
Le Niger, depuis le 26 juillet 2023, a amorcé un virage décisif lorsque, renvoyant du pouvoir des dirigeants indélicats qui se jouaient du destin du peuple nigérien pour notre avenir commun, il décidait de s’affirmer en tant que nation libre pour assumer sa souveraineté internationale acquise depuis des décennies que la France lui dénie en continuant à lui dicter tout, et depuis que la démocratie est venue, par une version falsifiée, à lui choisir ses dirigeants, ne pouvant accepter que, par des scrutins libres, le peuple se choisisse l’homme ou la femme qui devrait présider à sa destinée. Pour réaliser le grand dessein que l’armée, à travers le CNSP, nourrit pour le Niger, il ne s’agit pas seulement d’avoir des ambitions nobles, mais d’avoir les hommes et les femmes capables de les porter et de leur donner un contenu concret pour que le pays, sur une certaine période choisie, change radicalement.
Cela fait longtemps que l’on critique l’action du gouvernement, du moins dans certains domaines pourtant importants pour viser, à moyen et long termes, des transformations que l’on veut pour ce pays qui ne doit plus être le même, après la transition, et au-delà, soit l’eldorado sahélien. Dans ce pays qui grouille de rêves, il y a à faire des choix hardis et pertinents qui aideront à penser le nouveau Niger et à panser les blessures d’un pays malade, et notamment de sa classe politique qui a divisé et cultivé dans l’environnement bien de contre-valeurs qui ne peuvent être celles qui peuvent définir les nigériens .
Comment ne pas entendre, dans le grand vacarme de ce grand matin du samedi 15 février 2025 dans la grande salle du Centre International des Conférences de Mahatma Gandhi, ce besoin immense des Nigériens de changer le pays, d’aller dans une nouvelle aventure qui ne peut plus faire peur quand on sait que le pays n’est plus seul, aujourd’hui allié avec deux autres avec lesquels il forme une alliance nouvelle, l’AES, aujourd’hui renforcée dans un autre cadre formel, la Confédération qui n’est qu’un étage avant de construire le suivant, la Fédération, puis – osons rêver pour l’avenir – les Etats-Unis d’Afrique. C’est un message fort que le Sahel envoie à l’Afrique entière pour comprendre l’urgence à se mettre ensemble pour constituer un pôle gigantesque, géographiquement et économiquement, et peser de tout son poids dans la géopolitique mondiale.
Le Niger n’est pas à un intellectuel prêt. Il a des compétences, mais celles-ci, humbles, dans l’écosystème, sont peu bavardes pour se faire entendre et s’imposer à l’opinion et aux décideurs, conscients que les perles rares, par leur éclat, forcent à les voir. Ils oublient que l’on est dans un environnement nigérien assez bizarre où, ainsi que la démocratie l’a cultivé, l’on ne choisit les hommes que selon de relations quelconques, comme la transition sur laquelle on comptait pour un vrai changement est aussi venue le perpétuer, car tout le monde sait, si ce n’est quelques cas, que les hommes qui ont été promus depuis le 26 juillet 2023 viennent de l’entourage, y compris familial de certaines personnes influentes qui ont alors appelé les leurs à venir « manzer » avec eux le temps des ripailles, des festins d’une transition. Avec un tel esprit rétrograde, à l’antipode de la démocratie et de l’égalité promue par les lois, l’on ne peut pas aider la transition à avoir ceux qui, par leur expertise notoirement reconnue, pourront aider le pays à se sortir des situations difficiles. L’heure du ressaisissement a donc sonné pour qu’au Niger, comme au Burkina Faso et au Mali, le CNSP mise sur des compétences avérées pour soutenir son action qui ne peut réussir ni avec la médiocrité ni même avec ceux qui, nombreux autour de lui, ne croient pas à la nouvelle marche du pays, mais s’en servent à se positionner dans le système pour espérer le contrôler à leur avantage.
Le modèle du général Seyni Kountché peut ici servir d’exemple à suivre pour ne chercher que les compétences reconnues du pays afin qu’elles soient dénichées pour venir travailler pour le pays. Il y a certes, dans l’équipe gouvernementale bien d’acteurs qui forcent l’admiration mais, dans le lot, il y en a qui tirent vers le bas les efforts des autres à changer le pays. Il ne s’agit plus de donner la chance à un autre du clan l’opportunité de venir se servir, se réaliser au détriment du pays, mais de trouver l’homme capable d’avoir des idées et des initiatives pour les pousser à un certain niveau de réalisation qui puisse permettre de booster l’économie et provoquer des transformations dans le pays.
Les Nigériens savaient le faire mais, depuis que la démocratie venait pour leur faire croire qu’ils sont plus redevables de la machine politique que de la nation, les hommes se sont transformés en laudateurs qui, en réduisant leur rôle à une telle simplification, ruinait l’image de la démocratie et leur propre réputation.
Alpha