Quelles intrigues pourrait cacher l’initiative ?
Il y a quelques jours, les Nigériens apprenaient la création d’un Institut dénommé « Institut Mamadou Tandja pour la Paix, la Démocratie et le développement (IMT/PDD) ». Pourquoi, aura-t-il fallu aujourd’hui, plusieurs années après que Tandja ait quitté le pouvoir, et qu’il ne soit plus de ce monde, pour avoir cette idée d’un institut dédié à sa mémoire ? A première vue, l’on ne peut, ne pouvant pas répondre à ces questions que nous posions, qu’en être intrigué pour au moins se dire que ceux qui en ont eu l’initiative pourraient bien cacher quelque agenda. Si le parcours de l’homme milite en faveur d’un engagement pour la paix et le développement, l’on ne peut, par contre, que reconnaitre une controverse par rapport à son attachement à la question de la démocratie car l’on sait bien que c’est son Tazartché, cette volonté d’agir contre les textes de la république pour s’offrir un mandat-totem en bonus, qui a fini par plonger le pays dans une crise et donner le beau prétexte à l’armée d’investir le champ politique, donnant l’occasion à un parti politique – suivez mon regard – de s’en féliciter quand même aujourd’hui, on le voit crier sur tous les cieux qu’un coup d’Etat est anormal et abominable. Tandja reste quand même le démolisseur de la Constitution de la Vème République. Ne l’oublions pas.
Mais revenons à l’institut lui-même pour s’interroger sur sa fiabilité et son efficacité quand on voit la pléthore de personnes qui viennent encombrer ses structures dirigeantes. Peut-on franchement avoir de l’efficacité quand on prend sur la main tant de personnes où l’on a l’impression qu’on a tout et rien à faire, tant l’on ne peut voir rien de précis de ce que tant de personnes pourraient faire ensemble. Si certains sont connus pour être de fervents partisans de l’ancien président, d’autres, sortis de l’ombre, n’ajoutent qu’aux zones d’ombre de cette initiative qui cache forcément quelques calculs. L’incongruité vient aussi de ce que l’on voit des personnalités dont les responsabilités actuelles ne peuvent autoriser qu’elles soient dans des actions qui pourraient avoir quelques connotations politiques et d’autres qui viennent de son parti – le MNSD-Nassara – et de certains autres partis politiques dont ils sont souvent les leaders, pourraient ne pas être exaltés à être dans une démarche pouvant les conduire à leur autodestruction politique.
Tandja, a-t-il, outre-tombe, vraiment besoin de ce que sa mémoire serve à d’autres combats pour s’en servir à trouver l’expression de leur renaissance politique ? Pour certains, en tout cas, l’homme n’a besoin que de prière pour reposer en paix, lui qui, enfilant tout de même la robe d’homme d’Etat, s’est comporté d’une certaine manière à la tête du pays, sans jamais être porté par le matériel, vivant humble, mais préoccupé, comme Kountché, par la vie de ses concitoyens et par la souveraineté inaliénable de son pays. Ça, il faut le lui combattre.
Attention au grand désordre…
La création de cet institut aura-t-elle respecté les lois du pays ? En effet, il y a une loi qui encadre la création d’un institut, qu’il s’agisse d’un institut de recherche ou académique. Ces textes, faut-il en convenir, sont à respecter. Il est important de savoir que cette création ait pu se conformer à ce que dictent les textes. Cela est d’autant préoccupant que la non-observance dans cette démarche pourrait créer une jurisprudence quand d’autres, notamment de l’ancien régime, pourraient aussi explorer le même terrain, par les mêmes actions informelles, pour leur permettre de mettre en avant leur propre agenda. Si ce n’est pas le cas, pour ne pas instaurer et légitimer l’informel et le désordre dans le pays, il faut dissoudre cette structure tant qu’elle ne peut donner de la traçabilité qui rassure sur ses objectifs réels. Le Niger a besoin désormais de ce qui est une nécessité : un besoin de sa refondation. Il ne peut plus s’accommoder d’initiatives superfétatoires pour servir d’autres combats.
Mairiga