Le choix de la Nitra fragilisera les sociétés privées de transit
Souvent, le CNSP n’en fait qu’à sa tête, refusant d’écouter ce que, des fois, les Nigériens peuvent dire de certaines de ses décisions controversées. On se rappelle en effet qu’après un texte qui interdit de rendre publics les marchés publics de la défense, plusieurs acteurs sont sortis pour dénoncer le texte. Et jamais le régime n’est sorti pour donner des explications aux Nigériens qui, par ce qu’ils avaient connu sous la Renaissance, dans le domaine justement des marchés de l’armement, y voyaient une manière de couvrir la mafia dans le domaine, et donc de mettre hors de toute dénonciation les marchés d’un secteur qui engrange pourtant une immense part des deniers publics. Si la transition peut, elle, dans le respect de ses engagements, exécuter des marchés relatif à la défense, en toute responsabilité, il est clair que les hommes politiques pourraient, eux, y voir un texte qui autorise à tricher, et donc à légaliser des détournements, entendu que rien ne les oblige à rendre compte de leur gestion dans un tel domaine. Ou encore, faut-il croire que ce texte, vient, en amont, empêcher qu’on fouille dans les gestions antérieures des marchés de l’armement où, peut-être, certaines hiérarchies de l’armée pourraient s’être compromises avec l’ancien régime ? Mais bref, passons.
On vient d’apprendre un autre texte qui confie exclusivement le transit des marchandises de l’Etat à la NITRA, seule habilitée désormais à assurer le convoyage de ce que l’Etat achète ou vend, un texte assez restrictif qui inaugure une injustice quand l’Etat lui-même a fait le choix du libéralisme dont le crédo reste la mise en concurrence, au nom de la justice et de l’égalité, de tous les acteurs d’un domaine de l’activité économique.
Que peuvent devenir les sociétés privées de transit ?
Déjà, l’on sait que ces sociétés reviennent de loin après les décisions de l’ancien système qui les avait fragilisées après avoir décidé de les priver de certaines opportunités suite à la décision qui invitait l’acteur économique français, Bolloré, à s’incruster dans le domaine. Pourtant, ces acteurs jouent un rôle éminemment important dans l’économie nationale, travaillant aux côtés de la douane nationale depuis de longues décennies en parfaite harmonie. Ce sont des acteurs économiques majeurs qui font également vivre beaucoup de familles nigériennes. Cet intérêt social, au-delà de l’économique, doit être pris en compte pour juger de l’importance de ces structures qu’on avait détruites pour faire plaisir à une société étrangère. A l’époque, les transitaires s’étaient organisés pour s’y opposer ; ils avaient même mené quelques actions dont des grèves et des déclarations, mais le régime d’alors avait fait le choix de servir l’impérialisme et ne pouvait pas les entendre.
A la chute du régime, on les avait entendus qui revenaient à la charge à la faveur de la nouvelle donne qu’ils avaient cru leur être favorable pour demander, au gré du contexte de Labu sanni no, Zantché Kassa ne, de chasser Bolloré du pays qui avait pris une place de choix dans l’économie nationale et dans un domaine où cela était normalement impensable car il s’agit quand même de mobilisation des recettes qui devrait rester un domaine réservé de l’Etat, et de la souveraineté nationale.
Alors que l’on s’attend légitimement de voir ces entreprises qui emploient beaucoup de Nigériens revenir dans leurs activités, l’on ne comprend pas que l’Etat qui doit créer, pour faire justice dans le pays, les conditions pour leur donner, à tous, les mêmes chances à saisir, chacun par ses capacités et ses compétences, revienne avec un texte qui crée une rupture d’égalité. Comment donc un tel Etat, peut-il prendre de nouvelles mesures qui les excluent des marchés de l’Eta ? Et la NITRA a beau être une société d’Etat, l’on ne peut comprendre cette décision qui privilégie, dans la République, une société au détriment d’autres, et dans un domaine concurrentiel, ouvert à toutes.
C’est à l’Etat qu’il revient de promouvoir l’égalité, de protéger la justice, et c’est pourquoi l’on ne comprend pas pourquoi, alors que l’on attend de la transition plus de justice, qu’elle pose un tel acte qui l’en discrédite quelque peu.
Tenir en tout à la justice est une donne essentielle des sociétés civilisée. Kountché y tenait.
Ali Soumana