Le péché de la classe politique Nigérienne est de ne pas savoir que les financements de la France en faveur de notre pays, loin de servir au développement, s’apparentent à un cadeau empoisonné. L’ancienne puissance coloniale ficelle, ainsi, des programmes minutieusement réfléchis pour s’imposer au Niger dans plusieurs secteurs, dont celui très sensible de l’éducation. Pourtant, dans ce secteur, dans les années 1974, les Nigériens étaient plus performants que les petits blancs avec lesquels ils étudiaient dans les mêmes classes, avec les mêmes enseignants et la même documentation. La génération de ceux qui ont vécu cette glorieuse période de l’histoire de l’école Nigérienne, jadis performante, peuvent en témoigner. Pour atteindre son objectif et fragiliser davantage le système éducatif Nigérien, la France a programmé deux plans différents : l’institution du départ volontaire et le changement du programme scolaire.
L’institution du départ volontaire
Les conséquences résultants de l’institution du départ volontaire dans notre pays, bien que prévisibles, ont échappé à la vigilance de la classe politique de l’époque, mais aussi à celle des techniciens du secteur. Les fonctionnaires de l’Etat étaient admis à la retraite après 3O ans de service, même s’ils sont productifs. C’était la mort clinique planifiée de l’expérience au service de l’Etat et de la jeunesse. Ainsi des milliers d’enseignants expérimentés désertent les classes pour laisser la place à des volontaires, pour l’écrasante majorité sans aucune formation professionnelle, ni vocation, laissant alors place à la médiocrité.
Le changement du programme scolaire
Un congrès, tenu à Tahoua par le Syndicat national des enseignements du Niger SNEN, a passé au peigne fin les tenants et les aboutissants d’un tel programme. Très malheureusement, une seule section l’a rejeté, considérant qu’il constitue un véritable goulot d’étranglement pour l’école Nigérienne. A travers le nouveau programme scolaire que la France impose aux Nigériens, elle impose aussi sa culture, son histoire, sa manière de penser qui sont en contradiction avec nos valeurs et traditions. En outre, ce changement de programme conduira inévitablement la jeunesse vers sa perdition, car elle ne connaitra jamais l’histoire de son peuple. Martin Luther King disait, d’ailleurs, que C’est l’homme qui fait l’histoire, et non l’histoire qui fait l’homme. Contrairement à toute autre leçon, elle donne à l’enfant l’ensemble des connaissances, les valeurs et les compétences sociales qui lui ouvrent la voie pour une culture d’une citoyenneté consciente. Ainsi, l’enfant, qui fera son propre jugement, peut prendre une position comme l’a si bien dit Elechi Amadi, dans son roman Sun set in Biafra, in Africa : ‘’The dream of the black is to assert their rights, and put the white in their place’’. Cette affirmation est encore d’actualité au Sahel, même si on dit que « Haw londo go kongora ». C’est dire que l’histoire du Niger a été rééditée sur mesure, dans des langues autres que les nôtres. Comment enseigner l’histoire à la jeunesse, sans parler des hauts faits et de la résistance d’Amadou Kourandaga, Oumarou Karma, Saraounia Mangou, ou Alpha Seybou ? La naissance de l’AES, qui a débouché sur la restauration de la dignité et d’une indépendance conquise et non concédée, permettra à la jeune génération de se ressourcer, pour mieux connaître la vraie histoire de l’Afrique, celle du sahel en particulier.
Par Issoufou Moussa Gassia
Enseignant retraité à Kollo Tel : 96-88-82-67