Il faut réinventer la capitale Niamey
Les progrès d’un pays se lisent à la modernité de ses villes et, notamment, de sa capitale dont l’image symbolique joue sur l’imaginaire des populations qui la considèrent comme un lieu de toutes les références. Les infrastructures qui constituent son architecture sont donc importantes à définir sa modernité, son urbanité. Mais, même si des immeubles à haut standing ont poussé dans nos villes, il reste que notre capitale, aujourd’hui, peine à rivaliser sur le plan architectural, urbanistique, avec les autres capitales de la sous-région. Chacun, en venant, plante sa part d’infrastructures, sans grandes études sur le plan de l’urbanité et sur le plan esthétique.
Il y a lieu aujourd’hui, avec les perspectives qui s’offrent au pays à travers de nouveaux partenariats, notamment dans le domaine minier et pétrolier, d’avoir dans les nouvelles politiques, notamment pour mettre en place des grands programmes urbanistiques qui changent les visages de nos villes. Comment ne pas le dire quand on voit, après les programmes urbains des fêtes tournantes, le désastre des inondations dans les villes rénovées, se découvrant après les pluies, tristes et défaites ? Les fêtes tournantes initiées par le Président Tandja et poursuivies par le régime Issoufou ont montré la pertinence de tels choix, mais par la qualité de leurs réalisations, leurs limites. Il est aujourd’hui important de faire le bilan de ces investissements urbains pour en tirer les leçons et mettre en place de nouveaux projets plus résilients. En effet, beaucoup de choses manquent à notre capitale et pour en être une, digne de ce nom, encore faut-il que les pouvoirs publics consentent à lui donner ce qui lui manque pour ressembler aux autres capitales d’Afrique. On peut s’inspirer de plusieurs exemples, notamment d’Abuja, d’Abidjan, de Ouagadougou et tout près de nous, de Cotonou que le Président Patrice Talon a su, en un temps record, changer, faisant de cette vieille ville encombrée, un petit bijou qui donne aujourd’hui tant de fierté aux Béninois. Dans la vie, il y a toujours quelqu’un chez qui l’on va pour s’inspirer de ses succès. Il n’y a pas à s’en complexer.
Pour reconfigurer notre ville, il y a à agir sur plusieurs paliers.
Hygiène et assainissement…
Une ville, c’est d’abord la propreté et l’hygiène qui peuvent montrer que l’on y a atteint un certain niveau et qualité de vie qui préserve les populations de certains problèmes de santé. Dans la ville, en effet, il doit faire bon vivre pour s’y sentir le mieux au monde. C’est pourquoi, il faudra construire des infrastructures d’hygiène qui permettent de gérer les ordures ménagères et de gérer mieux les eaux usées et celles de pluies dont l’écoulement devrait permettre de mettre la ville à l’abri d’infection et d’inondation pendant les saisons des pluies. Dans un premier temps, il y a un rayon sur lequel il faudra bâtir la nouvelle ville, pour déguerpir dans les conditions humaines tout ce qui vient l’encombrer et l’enlaidir. Pourquoi ailleurs, alors qu’il pleut plus qu’ici, juste après la pluie, l’on ne peut rien voir de ce qui vient obstruer les voies, gêner les habitations ? Il faudra au moins, deux grands parcs d’agrément, espaces verts de relaxation, poumons verts de la ville, et un espaces vaste dédiés aux grands événements car notre capitale n’en a pas. Peut-être, peut-on aussi rêver d’une nouvelle ville rattachée à Niamey ou du côté de Torodi ou de Dosso.
Centres commerciaux
Niamey est aujourd’hui une grande ville. Elle a explosé territorialement et sur le plan démographique. C’est un fait. Mais, les infrastructures n’ont pas toujours suivi. Aujourd’hui, Niamey n’a pas un centre commercial digne de ce nom, obligeant les commerçants à se concentrer sur de petits espaces, et souvent, n’ayant pas d’autres choix, que d’occuper les rues pour gêner la circulation, toute chose qui n’est pas propre qu’à la seule capitale du Niger. Forcément, un marché, est au cœur de la ville et pour cela, l’Etat doit se donner les moyens de construire un grand centre commercial qui pourra héberger de nombreux acteurs économiques, cela pour décongestionner les rues encombrées et pour donner des allures modernes à la capitale. Il faut convenir que le grand marché de Niamey, s’il l’était, ne pouvait l’être que pour un Niamey d’une époque, pas pour celui d’aujourd’hui. Puis, il faudra rénover bien d’autres marchés qui donnent une allure rurale à notre capitale comme celui de Harobanda, de Bonkaney, etc. C’est un chantier immense sur lequel les nouvelles autorités du pays doivent s’exprimer pour faire de la rénovation et de la construction de centres commerciaux des projets politiques sérieux.
Infrastructures routières modernes
Niamey manque cruellement de routes. Après la grande voie construite par Tandja que l’on peut considérer comme un périphérique, qui relie Talladje à Goudel, il n’y a presque rien eu si ce n’est la voie de l’aéroport à la présidence voulue pour tromper les touristes et autres hôtes de marques qui viennent dans le pays et qui pourraient en être impressionnés. Dans cette ville qui a grandi exagérément, il faut de nouvelles routes solides pour faciliter la mobilité urbaine, sécuriser les quartiers, et surtout rapprocher les nouveaux quartiers, périphériques, au Centre-ville qui doit être entièrement rénové.
Développer le transport urbain…
Notre capitale, manque de moyens de transport public qui servent toutes les bourses. Cette situation a obligé certaines populations à se servir de tricycles comme moyens de déplacement qui sont venus encombrer la circulation, dans un domaine – le transport de personne – pour lequel ces types d’engins ne sont pas conçus. Quelques bus fatigués de la Sontruni circulent aujourd’hui encore, pour faire vivre le personnel restant d’une société à l’agonie, mais après ça, il n’y a rien que les taxis insupportables pour certaines bourses et les faba-faba qui sont venus soulager, mais sans aucun confort pour le peuple d’en bas. Le privé, peut-il s’inviter dans le secteur, pour soulager les populations et moderniser le transport urbain comme il l’a réussi dans l’interurbain ?
Sur tout un autre plan, quand on voit l’aéroport se retrouver en pleine ville, n’est-il pas temps, de construire un nouvel aéroport moderne, quelque part dans le voisinage de la capitale, car au moins, au Niger, ce n’est pas de l’espace qui manque.
Quartiers d’affaires et zone administratives
Il faut peut-être concevoir un quartier d’affaires où l’on ne verra que des immeubles administratifs. Dans cet espace, il faudra standardiser les cafés, les boucheries, les restaurants et créer une nouvelle zone industrielle pour promouvoir l’industrialisation du pays. Pour chaque type de commerce, il faut un type de stand, de boutiques qui peuvent embellir la ville. Sur la grande autoroute qui longe les plages à Cotonou, du côté du port, sont construites de belles boutiques, toutes identiques, pour les antiquaires et autres vendeurs d’objets d’art. La ville, c’est l’harmonie des installations, le choix des formes et des couleurs.