Niamey, notre presque-île…
Depuis des jours, après avoir enduré la canicule des derniers mois et une saison sèche des plus brûlantes, s’abattent sur le pays des pluies appelées de toutes nos prières, heureux de redécouvrir la félicité du ciel qui déversait sur nos terres asséchées, l’onde clémente du firmament généreux. Mais, il a plu comme on ne pouvait pas l’espérer au Sahel où, finalement, eut-on dit, Dieu se serait réinstallé depuis des années qu’il s’absentait, osent dire certains, non sans blasphémer.
La pluie est donc de retour sur nos terres arides et désolées, tristes et assoiffées, bombardant nos misérables maisons, et dans ses furies, cassant les ponts et les routes, les habitations et nos rêves. Quelle désolation que les ruines qu’elle laisse sur ses passages, donnant avec ces nuages qui viennent encore couvrir le ciel en rage, à redouter le pire pour un pays qui en a déjà marre des averses et des orages infinis. Que nos prières, longues et belles, de cette année de combat auraient été entendues et exaucées. Yassouralahi…
Une situation qui éprouve les populations, laissées souvent sans abris, isolées du reste du pays, vivant dans la peur d’une prochaine pluie et d’une crue qui viendront compliquer le calvaire. Mais, voilà que les dernières intempéries viennent exposer toute la vulnérabilité de notre capitale dont on se rend compte, finalement, du manque criard d’infrastructures urbaines adéquates, modernes, tant pour le drainage des eaux que pour la mobilité urbaine. Depuis des jours, la capitale ne reste ouverte qu’à une partie de la région de Tillabéri, coupée de l’autre partie et du reste du pays. Depuis des jours, regardant à quelques distances, les lumières de la ville, des voyageurs sont entassés sur les entrées coupées de la ville, regardant, impuissants, la furie de l’eau rouge qui crie dans les creux des vagues, violentes et rebelles qui passent pour se jeter dans le fleuve déjà débordé, prêt à exploser d’eau. Notre ville est prise en tenailles, avec des hommes, des femmes, aidés des FDS, qui se battent à contenir dame nature qui veut reprendre ses droits. Ils ne dorment plus. La vie est dure.
Et voilà. A quelque chose malheur est bon, dit-on. Nous comprenons aujourd’hui, face aux dérèglements climatiques avec lesquels il faut désormais compter, que tout peut advenir, et qu’il y a à mieux repenser notre ville pour la sécuriser, pas que de l’insécurité et du terrorisme ambiant, mais aussi des intempéries désormais imprévisibles. Voilà, qu’en quelques pluies seulement, nous avons pu voir que notre capitale, si facilement coupée du reste du pays par des pluies venues de nulle part, devenait une île, ou du moins une presqu’île avec tous les risques qu’une telle situation pourrait comporter. Il faut qu’il y ait des routes et des vraies dans la ville de Niamey, des ponts et de vrais ponts pour permettre de résister à toute intempérie à l’intérieur et à l’entrée de la ville afin d’éviter l’isolement et l’envahissement des eaux. Si cette situation devrait se complexifier, il va sans dire que la ville pourrait être confrontée à des problèmes de pénurie, notamment d’essence. C’est pourquoi, autour du Premier Ministre, ainsi que l’avait voulu le président Tiani, il faut s’entourer de toutes les expertises pour repenser, sur le plan de l’urbanité et de la modernité, la capitale qu’il faut aujourd’hui absolument faire renaitre. Et cela imposera des casses pour détruire des choses et reconstruire de nouvelles infrastructures plus commodes, plus modernes, plus résistantes, plus belles. Pourquoi cette voie qui sort du pont Kennedy doit-elle s’arrêter au niveau du grand marché, alors qu’au-delà du marché, elle a son continium qui monte jusqu’au quartier Sony ?
L’occasion est donc venue, avec l’appui des partenaires, notamment ceux qui exploitent nos ressources, à repenser notre capitale pour lui donner les atours d’une ville moderne. C’est possible. Rêvons grand et beau pour notre capitale !
Ali Soumana