Le pays se met en chantier
Dans le pays, plus qu’à un autre temps, sous les renaissances, le politique nous avait habitués aux promesses vagues, à la démagogie; et nous a abreuvé de rêves ou, pour mieux dire, de chimères. Le PNDS, pendant au moins vingt ans d’opposition, nous avaient fait rêver du meilleur, développant, dans leurs discours, les promesses les plus mirobolantes qu’un candidat à l’immigration pourrait faire à sa dulcinée pour gagner sa confiance et l’obliger à l’attente longue pendant que l’aventurier squatte, ou joue au jeu de cache-cache avec la police européenne dans des rues où il met à l’épreuve ses performances d’athlète. Et, nous avons attendu, pendant des décennies, avant de voir le grand harangueur des foules arriver au pouvoir, pour enfin l’apprécier au pied du mur, hélas, en piètre maçon. Il avait d’autant échoué à faire confondre l’Opposant charismatique qu’il fut au dirigeant piètre qu’il devenait par un méchant hasard de l’Histoire et par lequel il réussit à dégoûter bien de Nigériens jusqu’à leur faire regretter Tandja et Kountché dont les souvenirs de la gouvernance revenaient toujours dans les conversations. Comme quoi, l’on n’a jamais reparlé d’un mets succulent que lorsque l’on a faim.
Pourtant, il était possible de diriger autrement ainsi qu’Issoufou le promettait mais sans qu’il n’en soit, hélas, capable dans les faits. Quand le 26 juillet 2023, les bulldozers du CNSP venaient balayer la racaille de la Renaissance, nettoyant le pays de la nullité et de la méchanceté qui le gouvernaient depuis un peu plus de douze ans, l’armée fit, au peuple fatigué et angoissé, la promesse d’un nouveau départ, d’un nouveau challenge : sauver la patrie pour la refondation de la République en danger. Et le peuple a cru à la parole de ses sauveurs pendant que les princes renversés ricanaient, cherchant le moyen de se venger de militaires qu’ils avaient cru avoir « fabriqués », ou, en tout cas, engraissés. Dieu ne dort pas, dit un adage du terroir. Il surprenait tout le monde par cette réorientation brutale du cours de l’Histoire. Tout le monde ne comprenait rien. Et, on arrivait presque à une destination qui n’était pas forcément prévue : l’appel de la patrie. Aujourd’hui, partout dans le pays, ça ne parle que patrie. Et, c’est d’autant beau que, malgré les efforts des défaitistes qui s’acharnent à manipuler les identitarismes, partout dans le pays, de Tillabéri à Bilma, de Dosso à Agadez, de Niamey à Zinder, de Maradi à Tahoua, les Nigériens n’ont dans leurs discours que leur nigérienneté commune comme valeur irrécusable, exprimant leur volonté commune de vivre dans une nation consciente de ses différences assumées qui la renforcent, et de leur condamnation commune d’une certaine façon de gouverner que tous dénoncent aujourd’hui, appelant à un nouveau regard sur la nation et sur la démocratie, et réaffirmant en sus leur volonté du vivre-ensemble que tous les régimes ont protégé et renforcé et que venaient détruire, au nom de vengeances insensées, certains sournois leaders du parti socialiste.
Mais, depuis le 26 juillet 2023, le style a changé et on comprend que les Nigériens n’aient pas eu tort d’avoir soutenu le renversement de l’ancien système que condamne aujourd’hui, pour quelque cupidité, l’ancien président Issoufou, poussé à bout par la Fondation Mo Ibrahim. Sans compter sur personne, sur aucun partenariat pour penser ses choix et les mettre en œuvre, la transition a réussi à mettre en chantier le pays, décidant d’actions réalistes pour donner corps à ses choix pragmatiques qui sont en train de changer le pays. Sans tambour ni trompette, la transition est en train de mettre en œuvre un certain nombre d’actions dont l’intérêt social pour les populations nigériennes est indéniable.
Combien de routes, dans le pays, sont remises en chantier pour faciliter la mobilité des populations, les échanges entre des parties du pays ? Ces réalisations en cours, qui ont donné l’impression aux Nigériens que l’ancien régime n’avait que faire de leurs difficultés quand il ne peut pas se soucier des conditions dans lesquelles ils voyagent, sont donc à saluer. Comment comprendre que cette route par exemple, entre Niamey et Kollo, soit laissée dans le piteux état que l’on sait pendant les douze ans que le PNDS a passés à la tête du pays ? Pire, comment pouvait-il laisser cette voie importante pour l’exportation qu’est Dosso-Gaya qu’il abandonnait pour laisser les camionneurs et autres voyageurs souffrir du piteux état de la route, donnant à ceux qui rentrent au Niger par cette porte une mauvaise image du pays ? Comment comprendre, quand Issoufou fit construire des routes économiquement inutiles ailleurs, qu’il ait pu laisser celle de l’uranium dégradée depuis plus d’une décennie, laissant les populations de l’Aïr complètement isolées du reste du pays, et notamment de leurs frères Nigériens du reste du pays ?
Mieux, quand la saison de la pluie venait exposer les plaies urbaines de notre capitale qui ne résiste à aucune pluie, avec des espaces et des routes inondés, des quartiers assiégés d’eaux et de pourritures pour laisser proliférer les insectes qui rendent malades les populations et les font oublier qu’elles vivent en ville dans la modernité mais une modernité dévaluée par la précarité. On ne peut donc qu’être heureux de voir ces nouveaux chantiers dans bien de parties de la capitale avec ces routes qui sont reprises, à la grande satisfaction des populations riveraines qui saluent ces gestes des autorités qui comprennent leur calvaire et viennent à les assoupir. Déjà, dès les premiers jours de l’arrivée au pouvoir du général Tiani, l’on avait vu le régime procéder au colmatage de bien de nids de poule qui marquent bien de vieilles rues de la capitale, et notamment du centre-ville. Aujourd’hui, au quartier Niamey 2000, à Yantala sur la voie du marché, et ailleurs sans doute, les chantiers sont en cours pour réduire les souffrances des populations. On les attend partout dans les quartiers, à Bassora, dans les vieux quartiers, et surtout sur la grande voie de l’aéroport qui, sans voie de contournement possible en cas de difficultés sur l’axe principal, impose des calvaires à un des quartiers les plus populaires de la ville qui, plus est, s’ouvre sur la plus grande porte d’entrée qui rend compte tout de suite aux visiteurs du grand désordre.
Aussi, quand on apprend que le Chef de l’Etat, le Général Abdourahamane Tiani, plaçait le Premier Ministre à la tête d’un comité chargé de réfléchir aux problèmes d’urbanité qui causent tant de problèmes d’inondation et d’hygiène à la ville pendant la saison des pluies, l’on comprend qu’il s’agit de trouver des solutions structurelles au problème des inondation, d’écoulement des eaux de pluie et des eaux usées sortant des ménages. On peut donc espérer, qu’avec de grands planificateurs urbains, et autres aménagistes, l’on trouve les corrections urbanistes qui puissent permettre à la ville de devenir ville. L’on peut d’ores et déjà croire que cela a son prix qui peut aller à une reconfiguration de la ville pour voir des pans entiers de la ville cassés afin de remodeler les quartiers et mieux moderniser la ville. Le Génie militaire, certaines entreprises, notamment turques et chinoises, peuvent être mis à contribution pour conduire ce projet de la vraie rénovation de la ville qui passe aussi forcément par la construction de grands périphériques qui rapprochent tous les grands quartiers périphériques nouveaux aujourd’hui éloignés du centre-ville par manque d’infrastructures routières adéquates.
Comment ne pas ajouter à ce tableau qui est de l’ordre de ce qui est pratique et visible, et qui impacte la vie des populations, le paysage industriel qui est en train de changer également ? Bientôt, verront le jour le complexe pétrochimique et la deuxième raffinerie de Dosso, et de nombreuses autres unités industrielles que certains acteurs nationaux sont en train de mettre en place. Comme quoi, souveraineté oblige, le Niger d’aujourd’hui ne peut plus servir que de consommateur mais de pays producteur qui pourrait désormais proposer à la consommation intérieure et extérieure, en tout cas sous-régionale.
Oui le Niger est en reconstruction, poussant de terre comme une jeune fleur…
Alpha