Une situation sous contrôle, dixit le Général Tiani
Entre autres raisons qui poussaient au coup d’Etat, il y avait la situation sécuritaire du pays qui se dégradait de jour en jour, poussant souvent les populations en exil à l’intérieur du pays, cherchant quelques abris précaires le temps que passe l’orage et ce alors que la situation se tasse. Le pays allait mal car presque tous les jours l’on tuait des hommes et des femmes, civils et militaire, et à côté, mourraient l’économie et des écoles, privant des enfants d’instruction dans certaines parties du pays. Diffa et Tillabéri en avaient payé les plus lourds tributs à la menace sécuritaire. C’est à côté de ce tableau sombre que l’ancien système, exploitant la guerre comme fonds de commerce, envoyait les soldats à l’abattoir, peu et mal armés, volait l’argent du pays et de projets et programmes censés accompagner l’Etat dans son développement. Ce n’est donc pas pour rien que le Général Tiani parlait lors de sa dernière interview de « désastre programmé » par des hommes politiques qui n’ont que faire de ce que ce pays marche bien, ne trouvant aucun intérêt à défendre au-delà des leurs, les seuls pour lesquels, ils venaient en politique.
Alors que la menace gagnait du terrain, quadrillant toute la région de Tillabéri, ils ne voyaient rien à faire qu’à se chamailler autour du pétrole qui les rendait si fous d’argent et de brillance, au point d’agacer autour d’eux, la hiérarchie militaire qui assurait leur sécurité et celle du pays, oublieux de ce qu’elle a, elle aussi des enfants, car ne voulant tout que pour les leurs qu’ils croient mériter plus que tous les rentes du pouvoir et les privilèges de la gouvernance étatique.
Le CNSP en arrivant au pouvoir, une matinée du 26 juillet 2023, trouvait un pays en ruine, une économie exsangue, souvent criminalisée, des populations désemparées par l’insécurité, bref un pays où tout est à faire ou à refaire. C’est pourquoi, intervenant à l’occasion de ce qui est désormais la fête de l’arbre, le 3 août 2024, le Président du CNSP, Chef de l’Etat, le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, rassurait les Nigériens par rapport à la situation sécuritaire du pays qui avait été invoquée entre autres raisons, pour justifier le coup d’Etat intervenu en juillet 2023.
Il est vrai qu’il y a quelques jours, traqués de toute part, entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger, les terroristes mis en désarroi, ne trouvaient mieux à faire dans l’inconfort où ils se trouvaient qu’à harceler les populations, et des positions de l’armée non sans certaines complicités internes et externes, menant quelques actions d’éclat pour servir leur communication et nourrir l’actualité de médias français qui s’en servent à déplorer, après le départ des troupes étrangères, la situation sécuritaire dans les pays du Sahel, alors même qu’ils savent que ces terroristes n’ont plus les mêmes capacités de nuisance. Il n’en est donc rien, pourtant. Au contraire, les trois armées, depuis des semaines sont en train de prendre en sandwich les obscures forces du mal, traqués jusque dans leurs derniers retranchements. Pour avoir ces résultats qui ont d’ailleurs permis à des populations de se réinstaller et à des écoles fermées de rouvrir, il a fallu, ainsi que le dit le Général Tiani, « prendre rapidement les devants », ne plus attendre, mais aller à l’offensive prendre l’ennemi trouvé et neutralisé dans ses nids et ses cachettes, appelant à la collaboration des populations pour vaincre l’hydre terroriste, nourrie et entretenue par l’impérialisme.
Prise en main de la situation…
L’armée nigérienne, débarrassée du partenariat militaire ambigu et hypocrite de la France, mais renforcée par l’alliance avec le Mali et le Burkina Faso, prenant en main la situation sur le terrain, n’ayant plus d’espace du territoire où elle ne peut plus aller, parce que des troupes étrangères s’y seraient installées pour les empêcher d’y accéder. Les soldats, ne pouvaient donc plus attendre d’ordres qui viendraient de bureaux cossus, quelque part à Niamey, les empêchant d’agir alors que la menace à laquelle ils font face est réelle, si dans certains cas, on ne les déroute pas pour les pousser dans la gueule du loup. Ils l’avaient vécue, cette situation, mais la « grande muette » avait le devoir de se taire même quand elle connait tout et le malaise s’est installé au sein de l’armée jusqu’à cette date où, excédée, elle venait, à la suite du coup d’Etat, pour se libérer de cette dépendance politique, retrouvant toute sa liberté militaire à gérer, par elle-même les questions rigoureusement militaires. Il a fallu pour cela, afin de répondre à la promesse faite aux Nigériens, d’assurer « le redéploiement des soldats et la montée en puissance de l’armée ». En effet, depuis que le CNSP arrivait au pouvoir, après la dénonciation de bien d’accords, notamment militaires, il avait noué de nouvelles alliances et partenariats militaires et, ce, tout en cherchant à équiper l’armée avec la logistique adéquate et l’armement qui sied au contexte, des choix qui ont révolutionné la puissance des armées faites déjà de grands hommes et de grands guerriers. Du reste, le mérite militaire des soldats nigériens est bien connu à travers le monde, et on sait pourquoi, voulant continuer à dominer, la France tenait à maintenir les armées dans le sous-équipement, comme elle a maintenu les Etats dans le sous-développement. Aussi, le Général Tiani tenait-il à rassurer que « Ce matériel [acquis] a été mis à la disposition du Niger par certains pays pour lesquels aucun versement n’a été fait », alors qu’à l’époque, faisant trop de tapage sur un shopping militaire en Turquie, le régime déchu faisait entendre qu’il mobilisait tant de moyens pour armer les soldats. Mais, en vérité, il ne payait rien. C’est donc la transition qui a procédé, au nom de la continuité de l’Etat, assumant ces choix et ces décisions, à des « paiements par échéance » pour honorer les engagements pris avec les partenaires.
Il y a donc à se réjouir que les Etats du Sahel aient pris la responsabilité d’assumer la souveraineté sur la sécurité des peuples, comptant plus sur leurs propres forces et l’expertise des soldats, et les capacités réelles à doter les armées du matériel adéquat en ces temps où les leaders mondiaux jouent sur les peurs pour s’imposer au monde. La guerre et la sécurité sont une question d’hommes et de moyens. Le Niger a les hommes. Et, il peut avoir, par ses ressources immenses, les moyens de se doter du matériel nécessaire. Il ne reste plus qu’à être fiers de nous-mêmes. C’est cela le chalenge du CNSP et de son gouvernement !
Alpha