Nécessité d’une aide d’urgence aux paysans dans la lutte contre les ennemis des cultures pour éviter une catastrophe
La saison des pluies s’est définitivement installée et, ce, sur l’ensemble du territoire national. La campagne se déroule assez bien, la régularité et la quantité des pluies tombées étant satisfaisantes pour l’instant. Les paysans, là oû les terroristes ne les en empêchent pas, s’adonnent, avec les moyens dont ils disposent, aux travaux champêtres. Dans maintes parties du pays, le mil, en particulier, est au stade de l’épiaison et de la grenaison. Malheureusement, c’est à ce stade avancé des cultures que choisissent les insectes, ennemis des cultures, pour s’attaquer aux plants et les détruire. Compromettant ainsi toute la campagne agricole qui, pourtant, a bien commencé et annihilant le travail de toute une saison des producteurs. C’est le cas de la zone de Sakoira, une bourgade située dans la bande sud de la commune de Guéchémé, région de Dosso. Le mil y est à un stade très avancé, les liges et les feuilles épanouies, bien vertes. Les épis de mil, bien dressés,semblent tutoyer le ciel. Hélas, ces épis ne portent pas aucun grain. Que de poches vides sur les épis qui donnent pourtant, de loin, une apparence de bonne santé. Les paysans ne savent pas à quel saint se vouer.Les efforts surhumains qu’ils ont déployés pour semer, labourer, sous le soleil et parfois la pluie, leurs champs dont la production leur permet de satisfaire les besoins multiformes de la famille sont du coup anéantis. Ils ont déjà investi tout ce qu’ils ont pour arriver à ce niveau. Certains d’entre eux n’ont plus rien d’autre que l’espoir d’une bonne récolte.Une récolte qui a de fortes chances d’être compromise. Le cas de Sakoira et toute la bande sud de la commune de Guecheme ne sont pas des cas isolés. Un peu partout, dans le pays, les champs de tous ceux qui ont semé aux premières heures de la saison des pluies courent les mêmes risques : l’invasion des ennemis des cultures, des insectes de toutes sortes. Il est donc urgent que le gouvernement, à travers le ministère de l’agriculture et ses services techniques, prennent ces menaces sur les cultures en charge, en vue de les combattre de manière efficace pour ainsi faisant, sauver les cultures. Les ennemis des cultures doivent être combattus avec énergie et célérité. Les paysans ne peuvent pas, seuls, faire face à ces menaces. Ils ont besoin de l’appui des structures étatiques. Sinon, Le rendement ne sera pas au rendez-vous et la campagne agricole 2024 sera mauvaise. Une catastrophe en perspective pour bien de paysans si rien n’est fait, alors. Dans un contexte oû l’importation des vivres pose problème en raison de la fermeture des frontières de certains pays voisins, notamment le Nigéria et le Bénin, le Niger ne peut s’autoriser une mauvaise campagne agricole. Car, une mauvaise campagne agricole implique fatalement insuffisance de la production nationale, famine, donc davantage de cherté de la vie. Et toute la grappe de malheurs que cela entraine pour des populations déjà éprouvées et que le diable tire par la queue. Le bilan de la campagne agricole que fait habituellement le gouvernement, ces dernières décennies, a consisté seulement à déterminer les zones excédentaires, les zones déficitaires en vivres et en fourrages, en vue d’envisager des colmatages par-ci par-là, à travers des opérations comme la vente à prix modérés pour des paysans tellement démunis qu’ils ne peuvent pas se procurer les vivres ainsi vendus, même si les prix sont revus à la baisse. Or, la campagne agricole se prépare, aussi bien pour le gouvernement que les producteurs, avant même le début de la saison des pluies. Par la préparation des terres, la mise à disposition des semences, intrants agricoles, ainsi que l’encadrement technique consistant à accompagner les producteurs durant toute la période. Le contexte actuel de lutte pour la reconquête de la souveraineté nationale requiert l’autosuffisance alimentaire, donc une production alimentaire nationale à même de couvrir les besoins de la consommation locale. En réhabilitant et en recensant tous les périmètres cultivables dans toutes les régions en vue de leur mise en valeur, le CNSP et le gouvernement de transition sont justement dans cette démarche. Car, il n’est plus question de dépendre des aléas climatiques ; il faut passer de l’agriculture pluviale à l’agriculture irriguée et mécanisée. Mais, en attentant, il convient de ne pas oublier les petits producteurs en les aidant, notamment à combattre les ennemis des cultures, comme les paysans de la bande sud de la commune de Guecheme. Et surement qu’ils ne sont pas seuls. C’est d’une urgence impérieuse. Il n’y a pas de temps à perdre, car plus le temps passe, plus les dégâts seront considérables.
Bisso