C’est bien, mais peut mieux faire
A quelques jours de l’An I de la prise du pouvoir par les forces armées nationales, réunies au sein du Conseil National de la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), avec à leur tête le général Abdourahamane Tiani, le peuple nigérien est gratifié d’une baisse du prix des hydrocarbures à la pompe. Comme un cadeau d’anniversaire du CNSP au vaillant peuple nigérien qui l’a accompagné, soutenu et même défendu contre vents et marées. Contre les menaces de la France et les organisations sous régionales, la CEDEAO et l’UEMOA, instrumentalisées, violant à volonté les textes qui les régissent pour menacer le Niger d’une guerre et lui imposer toutes sortes de sanctions que seules la méchanceté et la bêtise de ‘’l’esclave de maison’’ peuvent justifier. Ainsi, le gasoil passe de 668 à 618 FCFA et l’essence de 540 à 499 FCFA. Soit respectivement une basse de 50 et 41 FCFA. En vertu de l’arrêté n°0067 MC/I/DGC/DCI/LCVC du 22 juillet 2024 fixant les prix de vente détail à la pompe du super 91, du gasoil, du mélange 2 temps et du FOD, les prix sont arrêtés de la sorte du 23 juillet au 31 août 2024 sur l’ensemble du territoire nigérien. Pour ceux qui peuvent se demander si cette baisse est valable pour seulement un mois, il n’est pas inutile de rappeler que les prix des hydrocarbures sont toujours fixés pour un mois et reconduits automatiquement chaque fois jusqu’à une nouvelle baisse ou hausse. C’est peu, diront certains, mais en 13 ans de règne sans partage sur le Niger et ses ressources, le PNDS n’a pas été capable de baisser le moindre copeck, les dirigeants et militants du pati arrivés au pouvoir se contentant de s’empiffrer, se goinfrer et s’enrichir de façon vertigineuse des ressources publiques. En baissant le prix de l’essence et du gasoil à la pompe, le CNSP vient d’accéder, favorablement, à une forte et ancienne demande sociale, formulée à toutes les occasions par le peuple nigérien qui a toujours pensé que, désormais que le Niger est pays producteur de pétrole, il peut enfin payer avoir le carburant et le rendre plus accessible. Cette revendication, le peuple nigérien l’a portée depuis 2011, année du lancement de la production pétrolière. Le peuple, n’a jamais été entendu. Sous les différents gouvernements de la renaissance, le peuple n’a eu droit qu’au silence, l’indifférence la plus totale. Pourtant, ce sont eux qui se gargarisaient d’être démocratiquement élus – ridicule quand on sait comment les élections de 2011, 2016 et 2020-2021 se sont déroulées – . La baisse n’est finalement venue que du CNSP et le gouvernement de transition, des autorités issues d’un coup d’Etat, celui du 23 juillet 2023. Enfin, elle est là, c’est un début, un bon début. Surement que le mieux reste à venir. Même si elle n’est pas à la hauteur des attentes de certains qui, répétons-le, l’ont attendue vainement de leurs champions pendant 13 longues années, elle contribuera, espérons-le, à impacter le coût de certains services et produits, à commencer par le transport et conséquemment des produits de grande consommation et de première nécessité : les céréales, le sucre, l’huile…Mais, la baisse du prix des hydrocarbures n’est pas la seule grosse attente du peuple nigérien de leurs dirigeants. Celui-ci attend également des plus hautes autorités de ce pays qu’elles fassent preuve de plus d’esprit de sacrifice. Notamment en renonçant à certains de leurs avantages, comme l’ont fait d’autres dirigeants dans les mêmes circonstances, sous d’autres cieux. Chaque jour que Dieu fait, des nigériens de toutes les conditions sociales concèdent des dons soit sur leurs recharges mobiles ou directement au Fonds de solidarité. Le peuple nigérien se demande toujours les raisons pour lesquelles les membres du CNSP et du gouvernement de transition, ainsi que tous ces hauts commis de l’Etat qui ont bénéficié de décret de nomination, n’ont jusqu’à présent pas renoncé à certains de leurs avantages. Pourtant, ce geste hautement citoyen fouettera le patriotisme déjà avéré des nigériens qui donnent ce qu’ils ont de meilleur pour que leur pays ne soit plus ce qu’il a été pendant 13 ans de gestion chaotique faite d’insécurité entretenue, de prédation des libertés publiques et individuelles et de raids quotidiens sur les deniers publics. Et surtout d’inféodation plate à la France. La baisse des prix des hydrocarbures, décidée il y a quelques jours, est tombée à son heure et donne des lueurs d’espoir au peuple meurtri, l’espérance d’un mieux-être. Mais, ‘’peut mieux faire’’, peut-on dire.