Le rythme de la transition est moins convaincant au Niger
Bientôt, le CNSP comptera sa première année au pouvoir. Un bilan s’imposera pour comprendre ce qui a marché et ce qui a moins marché depuis que la transition dans le pays est en marche. De l’avis de bien d’observateurs, comparé aux autres pays de l’AES en transition, le rythme au Niger est moins convaincant pour justifier une marche révolutionnaire qui pose les jalons solides d’une refondation de la République comme cela est visible au Mali et au Burkina Faso. Sans que l’on ne le considère comme une fixation, les analystes l’ont maintes fois dit pour appeler la transition à se regarder, à s’inquiéter souvent pour les actions qu’elle pose et qui peuvent ne pas être en phase avec les ambitions déclarées au peuple pour justifier le coup d’Etat. On ne peut pas faire du neuf avec du vieux et beaucoup de Nigériens ont trouvé dommage que le CNSP, comme si le Niger devrait manquer de compétences, ait conservé, dans bien de cas, le personnel administratif dont il a hérité et donc issu pour l’essentiel du système défait pour croire qu’elle peut s’en servir à mettre en marche sa révolution. Nous l’avons pourtant souvent écrit : le PNDS n’a jamais rien fait sans réfléchir aux différents contours et il sait bien qu’en perdant de l’espace dans l’administration qu’il a, en promouvant ses seuls cadres, largement dominée du fait de l’exclusion qu’il a institutionnalisée, il ne disposera d’aucun levier pour tenter de déstabiliser le nouveau régime. Si beaucoup de dossiers sont restés dans les tiroirs, c’est certainement une des raisons. On connait l’ingéniosité des socialistes à fomenter des complots et surtout leurs rancunes tenaces à ne jamais pardonner à un autre l’affront qu’il leur aura fait et ici, de leur faire perdre le pouvoir, les humiliant à la face du monde. C’est pourquoi, il avait été demandé au CNSP de faire attention à un militant du PNDS, de quelque camp qu’il se revendique. En se précipitant à aller en exil, pour appeler le monde à attaquer « leur » pays, l’on a compris que ces gens n’ont jamais aimé le pays, et se reprochent quelque chose et surtout qu’ils ne devraient pas aimer ce peuple qu’ils ont spolié, ne voyant que leurs ventres et leur brillance dans un pays de misère qu’ils veulent condamner à la misère pour en être la nouvelle bourgeoisie.
Aussi, dès les premiers matins de l’avènement du CNSP, croyant voir en face une plaisanterie, ils avaient tenté une résistance, allant marcher dans la capitale, appelant ses militants à la manif, pour tenter de prendre d’assaut la présidence, appelant à réinstaller « leur » président que l’armée venait de déposer. Pareil comportement, depuis tous les coups d’Etat qu’on a connus, on ne l’a jamais vu dans le pays. Après un coup d’Etat, tout le monde se range et le système défait fait son mea-culpa, vivant les remords de ce qu’il n’aura pas été capable de gouverner dans le respect des principes. Puis, on avait entendu, dans un scénario de polar, la mise en exécution d’un plan d’exfiltration du président déchu qui a mal tourné. Ces socialistes, pour revenir au pouvoir, entrevoyaient tous les scénarii catastrophes pour le pays tant qu’ils ne renverseront pas la situation en leur faveur, comptant sur Emmanuel Macron qui leur a promis son soutien, jusqu’à l’usage de la guerre, s’il le faut, pour reprendre le pouvoir afin de le remettre dans les mains de ses valets locaux, ceux qu’IB appelle les « Esclaves de salon » qui vendent l’âme du continent à l’impérialisme.
Après d’autres stratégies par lesquelles le parti déchu avait tenté d’infiltrer le CNSP, notamment par des simulacres de soutien au Président Tiani, l’on a vu le parti d’Issoufou et de Bazoum déployer d’autres moyens pour espérer reprendre le contrôle de la situation. Depuis quelques jours, des « fous » du parti rose, faisant feu de tout bois, polluaient les réseaux sociaux, revenant sur les mêmes manipulations sur les particularismes identitaires pour faire comprendre à qui veut les entendre qu’une région, parce qu’elle regorgerait de ceux qui financeraient plus le parti, devrait gouverner le pays, espérant de ce fait que l’armée remette le pouvoir à Issoufou, pour ne pas le nommer. Peut-on, lorsqu’on croit à la nation et à la démocratie, lorsqu’on est un homme d’Etat accompli, propager de telles idées dangereuses ?
Voilà donc pourquoi, de ce PNDS, le CNSP doit se méfier. Il est prêt à tout tenter pour revenir au pouvoir car ce qui l’intéresse c’est moins le pays que leurs propres personnes. La marche du nouveau Niger ne peut donc pas s’accommoder de certains comportements car, face à la nation primordiale, les individus sont peu importants. Il faut donc espérer que le CNSP fasse son propre bilan pour comprendre le sens historique de sa mission à la tête de l’Etat et se débarrasser de toute considération pour ne voir que l’intérêt supérieur de ce pays que des hommes et des hommes – et ils sont tous connus des Nigériens – ont ruiné pendant douze années de pillage et de vol, de gangstérisme et de mesquinerie. On n’est jamais un héros au hasard. Ce parti défait compte sur plusieurs stratégies pour défaire cette transition qui a tout le soutien des Nigériens – et c’est sans doute le plus important – ainsi que l’impérialisme lui en donné la mission, misant sur leur larbinisme et leur servilité pour défaire cette marche héroïque du CNSP et de son peuple exalté par les promesses de l’avenir.
Le nouveau régime ne doit donc pas hésiter. Il doit comprendre, ainsi que l’a dit le Président de la Transition burkinabé, parlant de ceux qu’il appelle les « esclaves de salon » que ces derniers « sont des individus qui n’ont aucune dignité, qui n’ont aucune morale, qui n’ont aucune personnalité ». Pire, ajoute-t-il, « Ils sont toujours prêts à trahir leur peuple pour satisfaire le maître ». Il ne faudra donc pas leur en donner l’occasion. « Ces individus, [poursuit-il,] contre vents et marées, continuent toujours de piller l’Afrique, d’aider le maître à piller l’Afrique ». Et c’est d’autant curieux que le Grand Capitaine burkinabé, se demande, perplexe, « si nous sommes aussi pauvres qu’ils le disent, mais quand est venu le moment de prendre nos responsabilités, nous avons demandé à ces maitres de quitter les lieux [et donc la pauvreté et notre misère], pourquoi ne veulent-ils pas partir ? ». Pourquoi veulent être avec la « misère » ? Mais, on a compris. Un tel discours n’est voulu que pour nous faire douter de nous-mêmes en nous vainquant psychologiquement. On oubliait que nous avons grandi et que nous avions quitté l’enfance depuis de longues décennies.
Et nous sommes mûrs…
Nous avons décidé de prendre nos responsabilités, peut-on entendre aujourd’hui chez nombre d’acteurs du Sahel. La marche, exaltante, est irréversible, même lorsque l’on a conscience qu’elle va demander, aujourd’hui et toujours, plus de sacrifice. C’est pourquoi, dira le Capitaine Ibrahim Traoré, « Nous n’allions pas trembler, nous allions affronter, nous allions nous battre pour notre liberté ». C’est la foi du Sahel naissant, le Sahel d’aujourd’hui car, dira le nouveau Sankara du Sahel, « Ils [les peuples du Sahel] savent d’où ils viennent, ils savent ce qu’ils font, ils savent où ils partent ». Personne ne peut plus les tromper.
Toutes les marches des révolutions ont souvent connu la trahison ; Le CNSP ne doit pas l’oublier et les « enfants » du PNDS ne sont pas des enfants de cœur. C’est connu. Faut-il donc s’effrayer de cet adage du terroir qui dit : quand on ne sait pas prendre un voleur, lui saura vous prendre ?
La transition doit méditer cette pensée philosophique du savoir ancestral incontesté et incontestable.
A bon entendeur.
Mairiga