Les peuples du Sahel vent debout pour réaffirmer le choix de l’AES
Le mardi 28 janvier 2025, à l’instar des deux autres pays de l’AES, l’ensemble du Niger avait vibré au rythme de la révolution sahélienne qui venait montrer que les pays de l’AES n’entendent plus revenir au sein de la CEDEAO et que c’était en toute connaissance de cause qu’ils décidaient de partir et de créer l’Alliance des Etats du Sahel,( AES), désormais intégrée dans l’architecture géopolitique du monde. Partir de la CEDEAO, comme créer l’AES, sont, à l’épreuve des faits, des choix portés par les peuples, pas seulement par des militaires que la France a tenté d’isoler, misant sur ce qui serait leur illégitimité, oubliant que les élections Gondwanaises qu’elle défend sur le continent ne donnent pas plus de légitimité à des pouvoirs qu’elle avait pourtant soutenus sans jamais se soucier de ce qu’ils font qui est pourtant à l’antipode des intérêts des peuples.
Cet événement de portée historique indéniable, annoncée depuis quelques jours, a été porté par tout le peuple et les différentes structures organisées de la société,- politiques, militaires, société civile, syndicats, organisations et associations, chefferie traditionnelle et leaders religieux – toutes avaient appelé à sortir et à manifester le 28 janvier 2024 pour exprimer le choix souverain des populations sahéliennes de prendre en main leur destin et de se prendre en charge pour sortir ainsi d’un maternage qui n’a que trop duré. Les artères étaient bondées de monde, jeunes et moins jeunes, civils et militaires, femmes et hommes, très tôt prenaient d’assaut les rues et marchaient. Certains diront que pareille mobilisation n’avait jamais été vue dans le pays alors même que les Nigériens pouvaient faire mieux, mais certaines contingences contrariaient bien d’hommes et de femmes qui auraient aimé être de cette action mémorable.
Partout, l’on ne peut entendre que ce rejet de la CEDEAO, ce rejet de ces soumissions aveugles à des partenaires, notamment la France qui continue à prendre les Africains comme le même peuple-enfant des colonies qu’elle disait rencontrer dans des broussailles incultes. Le discours qu’on a entendu ce jour est resté le même depuis le lendemain des événements du 26 juillet 2023 où les Nigériens, forts de l’action du CNSP, criaient leur rejet d’une certaine gouvernance, leur rejet de partenariats léonins qui ont aidé à détruire le pays et à rogner notre souveraineté.
Plus d’un an après, les Nigériens tiennent le flambeau…
L’ardeur ne s’est pas éteinte. Il est vrai que, pour une raison ou une autre, des Nigériens commençaient à douter, et depuis, certains prenaient des distances, regardaient avec méfiance. Mais, il y a quelques jours, avec des choix qui sonnent comme une rectification, l’on comprend que la transition nigérienne se met au diapason de ce qui se fait ailleurs, notamment dans les deux autres pays de l’AES, faisant vraisemblablement le choix d’une gouvernance vertueuse. L’engagement du peuple, pour autant, n’a pas faibli. Par le seul fait de réussir à le libérer de la France, par le seul fait d’avoir pu envoyer aux vestiaires un pouvoir qui a énormément fait souffrir le peuple, un système dont le seul mérite a été le vol, le brigandage, l’enrichissement illicite, la corruption, l’injustice, les Nigériens avaient de quoi avoir des gratitudes pour les hommes qui venaient, le 26 juillet 2023, les libérer.
Maître-mot…
Le maître-mot, que l’on peut entendre un peu partout dans les trois pays au cours de cette journée, est de tenir encore, de comprendre surtout que la lutte entamée pour la souveraineté ne fait que commencer et qu’il y a énormément de choses à affronter encore, toutes choses pour lesquelles, les trois armées, sous la houlette des trois leaders et des hiérarchies militaires de l’AES, ont annoncé la mise en place d’une armée commune de plus de 5000 hommes qu’une CEDEAO, qui a lâchement parlé de Force en attente, n’aura jamais réussi à mettre en place malgré ses nombreuses professions de foi de ces bellicismes commandés. Les Sahéliens savent donc que du chemin reste à parcourir et surtout que l’on n’est pas encore à la fin de la grande épopée, la victoire étant encore à aller chercher. Dans cette compréhension de leur lutte, les Sahéliens savent donc qu’il y a encore des sacrifices à consentir, des efforts à déployer, des synergies à mettre ensemble pour tenir sur les chemins malgré les adversités et les contrariétés, conscients que la liberté, forcément, a un prix, et qu’un peuple digne, doit savoir le consentir, contre vents et marées. Et c’est cela la force de la révolution sahélienne qui a tenu nonobstant les divisions que l’on a voulues opérer dans le peuple, souvent à l’intérieur des équipes qui gouvernent. Les dirigeants sahéliens savent que l’exaltante marche qu’ils ont imprimée aux trois pays tient par le soutien populaire des peuples qui n’a jamais faibli, toujours vivace, toujours renouvelé.
Et le monde nous regarde…
D’abord, les pays voisins et notamment tout ce qui reste encore de CEDEAO dans la région, inquiets que de ce que ce reniement des pays de l’AES ne provoque une désintégration de l’organisation sous-régionale qui sait qu’elle a, même lorsqu’on ne cesse de présenter les trois pays comme étant des pays pauvres, beaucoup perdu en termes de peuples riches et variés, de ressources énormes, de cultures plurielles, de marchés importants, de superficies énormes qui peuvent éprouver la mobilité aérienne pour aller vers d’autres contrées du monde. Le reste du monde comprend, lui, le sérieux de ce qui se passe aujourd’hui au Sahel pour s’inquiéter pour la France et pour la CEDEAO qui s’est laissée entrainer dans un tel jeu suicidaire. La création de l’AES va énormément gêner des influences et redessiner la carte de la géopolitique mondiale. On apprend par exemple un appel de l’Union Européenne, alors qu’il est tard, à suspendre la suspension de ses organes des trois pays de l’AES ; un réveil tardif qui ne sert plus à rien, entendu que l’AES vient réaffirmer ce 28 janvier 2025 que son départ de la CEDEAO est non négociable. Individuellement avec chacun des pays, peut-être que d’autres espaces de partenariat et d’échange peuvent être arrangés, ou carrément, pour ceux qui le veulent, on peut s’attendre à les voir regagner carrément l’AES qui reste, comme sa géographie, un espace ouvert.
Alpha